Mizik

D'Haïti on ne connaît en France que les drames. Séisme, choléra, corruption, pauvreté, ONG.
La richesse culturelle de l'île, ancienne colonie française sous Napoléon, est souvent occultée derrière un écran d'orgueilleux tabous: pas question de se rappeler ici que là-bas naquit la première république noire, libérée par ses esclaves en 1804.
Là-bas, la musique est partout. Pourquoi alors s'étonner qu'on y joue du violon ?
Après ma rencontre avec Kanès en stage à l'atelier de lutherie de Jean-Christophe Graff à Strasbourg en 2013, je pars à la découverte de l'école de musique Dessaix-Baptiste à Jacmel, une ville au sud d'Haïti.

avec Pierre Bernier au son — 2014



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Jacmel, défilé du carnaval. Cet homme enduit de boue joue le "lanceur de corde", un déguisement en souvenir de la période d'esclavage des haïtiens. Lui et ses comparses peints au charbon ou à la terre se lancent à la poursuite des spectateurs afin de les salir.
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Jacmel depuis le toit de l'école de musique.
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La fanfare de l'EMDB s'accorde avant le concert qu'ils vont donner pour l'inauguration du nouveau warf touristique de Jacmel, en présence du président de la République d'Haïti, le 14 février 2014.
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Concert d'inauguration du nouveau warf touristique de Jacmel.
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Avant de quitter la scène, les musiciens achèvent leur morceau sans sourciller sous des trombes d'eau. Les congas sont trempés, inutilisables. Réfugiés sous un cabanon, trempés, ils commencent à improviser, en attendant l'accalmie.
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Kanès, luthier de l'EMDB et professeur de hautbois, dans son atelier à l'école. Il répare les instruments à cordes qui sont pour la plupart très vieux et abîmés. Des workshops occasionnels avec l'association Luthiers sans frontières lui permettent de parfaire ses compétences. Il a bénéficié d'un stage à Strasbourg de trois mois dans le cadre du partenariat de coopération entre les deux villes.
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L'école de musique Dessaix-Baptiste accueille aujourd'hui plus de mille élèves. Ceux-ci viennent répéter entre leurs cours car faute de moyens, on ne peut pas leur prêter un instrument à chacun afin qu'ils s'entraînent chez eux.
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Richardson (à droite) improvise avec ses collègues après une répétition de fanfare. Il a été sélectionné pour jouer à un concert de charité à Washington DC, qui devrait rapporter des fonds à l'école. Celle-ci fonctionne en grande partie grâce aux dons d'associations caritatives étrangères et au coup de main de professeurs étrangers bénévoles pendant les stages d'été.
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L'école emploie trois professeurs volontaires cubains, en plus du staff haïtien.
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En cours de déchiffrage de partitions. C'est dur, mais les élèves sont très motivés.
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Les élèves musiciens proviennent de tous les milieux sociaux. Un système de bourses permet aux plus démunis de pouvoir fréquenter les cours. Ici, les plus jeunes organisent une partie de foot sur le toit, qui sert de salle de répétition. Un cours de saxophone côtoie souvent les percussions.
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Répétition de l'orchestre de cordes. L'école abrite plusieurs orchestres et fanfares de différents niveaux. Elle donne aussi naissance à des ensembles professionnels comme le groupe Jazzy Blue.
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Le Mardi Gras est un moment de fête très important en Haïti. Les bafles des bars crachent des meringues, les tubes du carnaval enregistrés par différents groupes chaque année, en continu depuis la mi-janvier et pendant les trois jours gras.
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Bande à pied dans le défilé du carnaval jacmélien. Ces orchestres ambulants de percussions et d'instruments à vent sont typiques de la culture haïtienne et jouent à différents moments de l'année. Ils composent leurs propres morceaux, reprennent les meringues, animent les dimanches qui précèdent le mardi gras du milieu d'après-midi jusque tard dans la nuit. Une foule de supporters de tous âges les suit en trottinant.
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Rencontre avec BelO, un musicien et producteur engagé très populaire en Haïti et découvert à l'international par le biais du prix RFI. Les artistes de son pays ne bénéficient pas de subventions de l'État et les manifestations culturelles sont généralement subventionnées par des entreprises ou fondations privées. L'actuel président d'Haïti, Michel Martelly, est pourtant l'ancien "roi du konpa", un style de musique 100% haïtien cousin du zouk.
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Port-au-Prince, quartier de Martissant. Musiciens de bande rara en répétition. Ils chantent la mélodie jusqu'à la mémoriser. Des fans de la bande y assistent afin d'apprendre les refrains.
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Chaque cornet (trompe de fer blanc) joue une seule note, les musiciens doivent être parfaitement coordonnés.
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Sanba Arena, une école de tambour à Port-au-Prince créée par Sanba Kebyesou. Jackson improvise avec son ami Richardson.
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Vue sur le cimetière de Port-au-Prince.